(1736-1857) Un petit village agricole
Le 23 septembre 1736, la seigneurie de Saint-Joseph qui s’étend des 2 côtés de la rivière Chaudière est d’abord concédée à François-Pierre Rigaud de Vaudreuil (1703-1779), capitaine de la marine. Son beau-père Joseph Fleury de la Gorgendière (1676-1755), agent de la Compagnie des Indes occidentales et riche négociant de la place Royale, lui échange le 8 décembre 1737 cette seigneurie à développer contre la sienne.
Véritable fondateur de la Nouvelle-Beauce et promoteur de sa colonisation, de la Gorgendière dote rapidement sa seigneurie de Saint-Joseph des infrastructures propres à y attirer les colons et à desservir aussi les seigneuries de ses deux gendres qu’il établit à Sainte-Marie et à Saint-François. Le 17 décembre 1737, sur la rive ouest de la Chaudière, il fait borner son domaine seigneurial et les premières terres qu’il concède. Suivront en 1738 les constructions d’un moulin seigneurial à scie et à farine sur la rivière des Fermes (ruines visibles aux chutes du parc et camping municipal de Saint-Joseph), du manoir seigneurial et d’une chapelle en zone inondable sur le bord de la Chaudière (une croix lumineuse en indique l’emplacement au sud du pont de fer de 1908).
Puis, c’est l’arrivée des premiers colons et du missionnaire. Saint-Joseph devient la première paroisse catholique de la Beauce, désignée comme la seigneurie du nom du saint patron du seigneur. L’agriculture et l’élevage sont la base de l’économie. La colonisation de la Nouvelle-Beauce s’avère un succès d’occupation et de développement de la partie sud de la Nouvelle-France qui autrement serait passée aux mains de la Nouvelle-Angleterre avant la Conquête de 1760 par les Britanniques. En 1762, la paroisse compte 436 âmes. Les 23 février 1758 et 14 juin 1764, en deux temps, la fabrique procède à l’achat d’une terre située sur la rive est de la Chaudière pour y bâtir une nouvelle église-presbytère sur une terrasse au pied du coteau, désormais à l’abri des inondations.
Un petit village agricole, se développera très lentement autour de ce noyau. En 1775, les habitants de Saint-Joseph aident Benedict Arnold et ses troupes lors de leur passage pour aller attaquer Québec : une façon de se venger de l’armée britannique qui a pillé et incendié les fermes de leurs parents de la Côte de Beaupré, lors de la Conquête de 1760.
En 1790, 813 habitants peuplent la paroisse. Le chemin Royal en bordure de la rivière avec ses maisons de ferme n’est à l’époque qu’un rang de colonisation qui deviendra une route internationale en 1830. Encore à ce moment-là, le village n’est qu’un hameau qui regroupe autour de l’église une dizaine de maisons, magasins, auberges, boutiques et bureau du notaire, même si la population de la paroisse atteint pourtant 2 000 âmes. La paroisse sera érigée canoniquement le 4 septembre 1835 et civilement le 2 novembre 1842.
Le territoire de la paroisse de Saint-Joseph sera ensuite reconnu une première fois comme entité municipale en 1845 et deviendra la Municipalité de la paroisse de Saint-Joseph le 1er juillet 1855.
(1857-1920) – Un centre administratif régional
La désignation de Saint-Joseph comme chef-lieu du district judiciaire de Beauce le 10 juin 1857 et la construction du palais de justice-prison de 1859 à 1862 transforment le village en centre administratif régional. Cette conjoncture est à l’origine d’une forte croissance de la population et de l’aspect actuel de la ville.
Les professionnels et employés de service viennent s’ajouter à une population agricole prolifique. L’affluence au palais de justice favorise l’installation des bureaux d’avocats, notaires, commerces et boutiques d’artisans sur la nouvelle rue du Palais de justice (aujourd’hui avenue du Palais). Cette rue supplante peu à peu le chemin Royal inondable et devient la rue principale. Le niveau de vie économique et culturel s’élève.
L’agriculture se modernise. Le 7 septembre 1863, d’après l’acte municipal du Bas-Canada de 1860, une demande est effectuée afin d’obtenir la désignation de village. Le 4 avril 1864, les limites du village qui possède 46 propriétaires sont tracées. En 1871, la paroisse de Saint-Joseph possède 2 981 habitants dont 348 agriculteurs. L’arrivée en 1881 du chemin de fer du Quebec Central au village, dont il est le terminus jusqu’en 1886, offre de nouveaux débouchés aux produits agricoles et forestiers et favorise le développement de la fonction hôtelière.
Le 3 octobre 1889, la Municipalité du village de Saint-Joseph se détache de celle de la paroisse. L’avocat et protonotaire du district judiciaire Zéphirin Vézina (1829-1917) en devient le premier maire. En moins de 50 ans, la prospérité économique apportée par les activités du palais de justice et les incendies entraînent la construction de nouveaux édifices institutionnels: une église et sa sacristie après un incendie, un presbytère , un couvent également reconstruit après incendie, un orphelinat et un collège dont on oriente théâtralement les façades vers la Chaudière.
(1920 à nos jours) – Une ville industrielle