Situé à côté de l’ensemble institutionnel paroissial classé, le palais de justice de Saint-Joseph-de-Beauce mérite notre attention pour ses qualités architecturales. Sa façade étant orientée vers la rivière, il a joué un rôle majeur dans le développement et l’aménagement du village.
Le 6 juillet 1857, Louis Morin, cultivateur, donne au gouvernement un terrain situé près de l’église, sur une élévation à flanc de coteau au centre du village, avec belle vue sur la rivière Chaudière, pour y ériger le palais de justice-prison. Il est construit de 1859 à 1862, en retrait de la rue principale, face à la rivière, selon le plan type de Frédérick Preston Rubidge, architecte du Département des travaux publics du Bas-Canada.
Le palais possède à l’origine un avant-corps central de plan carré, surmonté d’un toit à deux versants créant un fronton triangulaire en façade et flanqué de deux ailes aux toits à croupe. Le rez-de-chaussée du palais loge les services judiciaires et les bureaux de district, tandis que l’étage abrite la grande salle du tribunal, celle des jurés et les bureaux des juges et avocats. De style néoclassique sobre et équilibré, il symbolise l’ordre et le caractère imposant de l’institution qui se révèlent par l’équilibre et la symétrie de l’ensemble, la rigueur de la composition, l’austérité de l’ornementation et les dimensions importantes de l’édifice qui domine le paysage.
En 1925, le palais est restauré et agrandi à l’extrémité nord d’une section un peu en retrait. En 1960, cette section sera prolongée vers l’arrière, en même temps qu’on ajoute la section sud de la façade principale, qui vient rompre l’ordonnance et la symétrie du plan d’origine.
Le rôle historique du palais de justice-prison de Saint-Joseph-de-Beauce, son caractère urbanistique structurant et ses qualités architecturales, lui ont mérité d’être reconnu monument historique le 25 janvier 1985 par le ministère des Affaires culturelles du Québec.
Le centre de détention de Saint-Joseph est fermé le 15 juillet 1986, lors de la centralisation transférant au centre de détention d’Orsainville les détenus de plusieurs prisons de districts rattachées à des palais de justice régionaux.
De 1988 à 1990, des travaux d’agrandissement vont tripler vers l’arrière la superficie de l’édifice afin de regrouper dans un même lieu tous les services judiciaires offerts. La nouvelle construction doit constituer un prolongement naturel de l’ancien palais, respecter l’intégrité architecturale de ce monument historique et former avec lui un tout cohérent. Pour ce faire, on crée l’atrium vitré qui devient le coeur du palais de justice et fait le lien entre les parties anciennes et la nouvelle. Ce projet a remporté le 1er prix québécois en 1991 et le 2eprix canadien en 1992 au concours international Édifice de l’année. Ces prix sont décernés par l’Association des propriétaires et administrateurs d’immeubles du Québec et du Canada (BOMA)